Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

LE NOM DE LA ROSE (Jean-Jacques Annaud -1986-)

Publié le

Avant-goût      prenez un huis clos emmuré dans une abbaye glauque + une enquête complexe sur une série de meurtres et ajoutez-y une parfaite transposition au cœur d’un XIVème siècle tiraillé entre peur du Malin, foi et supersition………ça donne un pur chef d’œuvre nommé "Le Nom de la Rose" !  Jean-Jacques Annaud fut encensé par la presse lors de la sortie de ce film, et Annaud confirmait sa grande maîtrise malgré des sujets des plus complexes avec cette adpatation du roman d'Umberto Eco après son si singulier "La Guerre du feu"..

Pitch        1324, dans une abbaye du nord de l’Italie. Un cadavre est retrouvé gisant au pied d’une fenêtre dont l’ouverture est scellée et dont la vitre n’est pas brisée. Le moine franciscain Guillaume de Baskerville arrive et constate cet état de fait. Ce cadavre s’est-il suicidé ? Mais il se trouve qu’en plus de la fenêtre scellée celle-ci n’est surplombée par aucune autre ouverture. Il mènera l’enquête, tandis que plusieurs autres moines bénédictins voient eux aussi leur vie foudroyée par la mort.  Il semble avoir affaire à un tueur en série…

Avis         Jean Jacques Annaud a fait des prouesses, bien qu’il ait adapté le roman de Umberto Eco. Il met en scène un moine enquêteur tellement lettré qu’il fait la part des choses entre la foi illuminée et le mystère obscurantiste. Sean Connery campe ce personnage de lettré parmi des illuminés dont le faciès fait tout de suite penser à une communauté dominée par les forces perverses du Malin (des loucheurs, un bossu, des défigurés, etc…).

Ron Perlman. Collection Christophe L.

Annaud allie une qualité historique factuelle à une enquête pointilleuse, faisant surfer le spectateur entre torpeur, suspense entretenu, faits historiques et transcendance. Il se sert même habilement de cette enquête pour extrapoler avec véracité sur les activités des communautés monastiques du bas moyen-âge. Plongeant le spectateur dans une ambiance mêlant le superstitieux, la peur du Malin et le pragmatisme du moine enquêteur. Le spectateur est progressivement pris en étau, cherchant de plus en plus la sortie. Ces meurtres semblent être l’œuvre du Malin, tandis qu’approchant de la vérité ce pragmatique enquêteur essaie tout en retenu de sensibiliser les membres de la communauté monastique à la possibilité d’un tueur en série. Et ce n’est pas tout puisque ce Guillaume de Baskerville parviendra à trouver la cause de cette série de meurtre, soustrayant des alibis usités un mobile puissant et se faisant fi de la mort étrange des coupables eux mêmes. Annaud continue alors son bonhomme de chemin et touche alors aux subtilités d’un ouvrage interdit par les cadres de cette communauté, illustrant avec brio et retenue le rôle des communautés monastiques de gardien moral mais arbitraire du savoir universel.

 

Guillaume de Baskerville face aux bibliothécaire et au conservateur de l'abbaye.

Annaud, d’une façon générale, maîtrise très bien la montée en puissance du suspense à coups de plans et cadrages épurés et de plans parallèles sur les paysages qu’offre cette abbaye baignant dans un brouillard persistant. Le Nom de la Rose s’adresse aux initiés comme aux débutants car ce film a tous les ingrédients pour séduire, soit par son intrigue de polar à multiple rebondissements, soit par son ambiance des plus noires voire gore par intermittence, soit par la réflexion qu’elle autorise sur la religion au temps de l’Inquisition (l’Inquisition qui par ailleurs fustigée). Il y a aussi ce Christian Slater, tout jeune à l’époque, qui apprend de lui au fur et à mesure de l’enquête, et qui s’offrait là le grand rôle qui dopera sa  carrière filmographique.

  Cette affiche est plus parlante que la première jaquette publiée plus haut...



Commenter cet article