Walkyrie (Bryan Singer -2008)
Quand on connaît la petite histoire dans la grande à l'avance, c'est-à-dire mesurer combien parmi les 15 attentats tentés contre Hitler, celui de Von Stauffenberg était le plus audacieux, alors le film devient intéressant et haletant. Par contre quand on ignore tout de tout, alors j'imagine aisément qu'en tant que spectateur on se dit à quoi bon. Car le problème majeur de ce long-métrage est son rythme et sa bande-son.
Pitch
Berlin, 1944. Fidèle serviteur de son pays, le colonel Von Stauffenberg (Tom Cruise) s'inquiète de voir Hitler précipiter l'Allemagne et l'Europe dans le chaos. Comprenant que le temps presse, il décide de passer à l'offensive et prend la tête d'un complot de haute tension : l'Opératon Walkyrie destinée à éliminer le Führer. L'officier se retrouve donc en première ligne : c'est lui qui devra assassiner Hitler.
Quelques musiques à suspense et une caméra plus macro sur les objets, les plans préparés, les perles de sueur sur les tempes, auraient inévitablement conféré à Walkyrie une vraie ambiance de suspense majeur. Imaginez un peu, que de préparer l'assassinat de l'intouchable Hitler ! Mais non, on en restera à cette bravoure aveugle, retranscrite jusque dans le moindre de ses détails hormis ceux de l'audace. En guise d'audaces, on nous sert des convictions, du sang-froid, de l'aveuglement, du risque. Mais avec des musiques haletantes ou une caméra introspective, Walkyrie aurait pu devenir un film à suspense majeur.
Walkyrie fait place à la sobriété. Retranscription fidèle, pour un film US, calme et posée, cette histoire filmée ne nous fait point non plus l'écueil de mettre qui vous savez sur un piédestal, celui de l'héroïsation. En même temps, le film ne semble comporter aucunes transpositions actuelles, qui feraient passer sa substance, par exemple pour du prosélytisme envers certaines valeurs. Non. Walkyrie a choisi la sobriété d'une histoire dans l'histoire, avec respect. Il est un film historique US étonnant, même ! Point de caricature de l'ennemi du moment, mais vraiment une fidélité au microcosme germano-allemand du moment. Avec pour nous une immersion intrigante, dans l'Allemagne de 44, ses services intérieurs, ses comploteurs, son état-major et sa "Tanière du Loup".
Un suspense à couper le
souffle ? Non. Alors que cela était d'ores et déjà promis par le
scénario, en toute logique quand on sait ce qui se trame pendant
près de deux heures : Von Stauffenberg et le complot le mieux
préparé des quinze tentés contre Hitler ! Jamais aucun n'avait
réussi. Tout de suite dit, cela intrigue, cela attire. Et bien
Walkyrie ne déçoit pas les à priori que l'on pourrait avoir. C'est
un film historique tout simplement réussi, mais pas majeur dans le
registre à suspense dans lequel il s'inscrit. La sobriété du fond
qui est essentielle dans un film d'histoire, aurait dû épouser une
espèce de démesure artificielle (musique, montage, réalisation),
pour hisser Walkyrie relativement haut en matière de cinéma assumé. Bryan Singer rend tout de même une belle copie.