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LES LOIS DE L'ATTRACTION (Roger Avary -2003-)

Publié le

Avant-goût    je pensais voir un film élaboré sur les rapports hommes/femmes de la jeunesse étudiante américaine des années 80. Il y a de cela, faut l’avouer, mais c’est plutôt un fourre-tout métaphorique dressant un constat caricatural sur une jeunesse désenchantée. Ce film qui se veut social n’a pas pris un échantillon assez large pour figurer comme chef d’œuvre du teen-movie !  Mais il est loin des imbécillités des teen-movies et a du souffrir des à priori des gens, lors de sa sortie en salle. Les gens s’attendant sans doute à un American Pie bis.

Pitch     dans un campus universitaire américain en déliquescence totale, trois étudiants perdent leurs repères. Il pensent qu’en multipliant les soirées ils finiront par trouver l’âme soeur, mais happés par leurs désirs inassouvis et enfouis ils doivent faire au plus pressé. Et pour cela seul la drogue et les aventures d’un soir peuvent aider. Des trois, Lauren est la moins pressée, sa virginité la rend hésitante. Mais elle est tellement dans un monde de brutes qu’elle pourrait finir par craquer. Elle vit dans le fantasme amoureux de se dire qu’un de ses ex l’aime encore puisqu’elle l’aime encore. Sean pense l’aimer mais il ne sait pas comment le lui exprimer. D’ici là il espère trouver la solution par la branlette, le pétard, la coke et le sexe jetable. Quant à Paul, tout le monde sait qu’il est homosexuel. Attiré par Sean, il ne sait comment faire le saut entre leur amitié éphémère de fumeurs de joints et l’amour.

Avis      le film commence dans un dynamisme de grande qualité. Roger Avary fait des merveilles derrière la caméra et au montage avec ses plans séquence « reverse » et ses ralentis. Sur un fond musical « eighties » remixé le film s’offre une belle bande-son. On nous présente à tour de rôle trois étudiants du même campus universitaire et présents à la même soirée, mais isolés l’un de l’autre : un Sean passablement imbibé d’alcool, un Paul en train de faire des avances à un gars, et une Lauren qui subit l’effroi de se faire violer. Je classe cela comme une séquence culte parce qu’elle est hors normes au plan montage et sera le fil rouge d’un film remontant à rebours le temps. Un temps plein de désillusions où ces 3 jeunes plongent dans la drogue pour tenter de ressentir leurs affects. Des affects qu’ils n’ont plus, désorientés qu’ils sont par l’avenir incertain qu’ils portent comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête et enfouissant leurs pulsions et leurs désirs dans l’emprise de la drogue douce comme dure. Le tableau dressé par Avary est obscur, limite nihiliste mais souffre de maladresses, à la différence de l’œuvre littéraire de Ellis. Ces 3 destins vont se croiser par le jeu du hasard et de l’attraction. Je n’ai rien contre ces acteurs, à la base de séries, mais ils n’ont pas tous la même profondeur et subtilité que dans le bouquin originale de Ellis. James Van Der Beek (Sean) casse son image de Dawson, c’est surprenant et ça fait plaisir. Tous les autres demeurent dans la superficialité. Jessica Biel (7 à la maison) a un rôle de garce diablesse qui posera un veto irrémédiable aux lois de l’attraction propres au couple probable Sean-Lauren. Elle le fera innocemment et plutôt par pulsion animale. Ian Sommerhalder (Paul) campe un homosexuel trop caricatural (Smallville). Shannyn Sossamon est touchante dans sa recherche du vrai amour. Les autres sont médiocres : Kip Pardue (Driven) ; Clare Kramer (saison 5 Buffy contre les vampires / American Girls) ; Thomas Ian Nicholas (American Pie) et Kate Bosworth (Blue crush). En fait tout tourne autour du mal de vivre de Sean (James Van Der Beek) avec un film brossant un portrait trop général , trop caricatural et trop clichés de la jeunesse étudiante.

James Van Der Beek (Sean) à gauche, Ian Sommerhalder (Paul) à droite.

Ce n’est pas le film culte que beaucoup disent car dans la réalité il en fait tantôt trop sur le problème du tryptique sexe, drogue, rock’n roll, tantôt pas assez. L’affaire du jeune qui doit 3000 dollars à un dealer de coke peut arriver à d’autres gens qu’à des étudiants sans argent. Cela ne fustige en rien la jeunesse droguée. Et on a l’impression que ces 3 jeunes ne font que quitter une soirée pour en retrouver une autre. Une vie d’étudiant manque au tableau pour vraiment le rendre culte. Parce que le spectateur manque d’élément de comparaison et de repères. La vraie force du film est ailleurs. Sans compter le montage et la mise en scène, c’est cette impression foudroyante que certains post-adolescents américains n’y arrivent plus dans la vie. Ils doivent se réfugier dans une bulle d’attente fantasmatique qu’ils ne pensent pouvoir percer autrement que par la fête, la prise de psychotropes et le sexe jetable. Même en partant de ce postulat scénaristique de base, il manque quelque chose d’important pour classer ce film comme culte. Il ne représente la jeunesse d’aujourd’hui qu’à la loupe déformante de la vie d’un campus américain précis, à une époque donnée. Peut-il vraiment sensibiliser l’ensemble des 16-25 ans de ce monde ?  C’est là où je veux en venir.

Metropolitan FilmExport

Si elle veut continuer d'obtenir de bonnes notes pendant tout le semestre, Lauren va devoir faire une petite gâterie à son prof. La réussite passe avant sa croyance en l'amour vrai et intemporel. 



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K
c'est inspiré d'un campus précis..Salut Laurent<br /> Ce film est basé sur la vie d'un campus américain précis, à une époque donnée. Et justement il s'agit dans ce film, d'un campus très moribond des années 80, que Ellis avait mis en narration romanesque obscure, mais recelant de grandes vérités. Avary a adapté ce roman. Voilà ! Je n'ai ni parlé de disneyland, et ma critique n'est pas dépositaire de mon appartenance à l'actuelle génération collège, ni "fils à papa de Paris". Parce que ce ne sont pas mes appartenances. J'ai voulu parler de manière large et dire combien la jeunesse dépeinte ici, n'est pas à généraliser. C'est un cas précis, que beaucoup de teens américains ont malencontreusement réapproprié, ce que tu es justement en train de faire, Laurent, en parlant de ce film comme étant la "VRAIE VIE"... Je te mets toi aussi en garde donc, puisque tu n'as pas compris ma crtique comme je l'aurai souhaité.<br /> Salut et à bientôt ! C'est pas grave ! On peut en reparler sans problème.
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L
PAS D'ACCORDJe ne pence pas du tout que ce film est caricatural, ça donne une image vraie de la jeunesse Etudiante seulement c'est pas un collègien de 16 ans ou un fils a papa du 16e qui pourra comprendre ça, il faut voir la VRAIE vie et la vraie vie c'est pas disneyland..
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