LE GOUT DES AUTRES (Agnès Jaoui -1999-)
Avant-goût : véritable peinture sociale et ironique dun microcosme comportant une barwoman (Agnès Jaoui), un chef dentreprise (Jean-Pierre Bacri) et ses gardes du corps personnels (Gérard Lanvin et Alain Chabat), dune prof danglais le jour, actrice de théâtre le soir (Anne Alvaro).
Pitch : Un chef dentreprise tente de séduire sa prof danglais particulière. Et autour deux se tissent des liens croisés entre leurs connaissances respectives.
Avis : Superbe cocktail de social et dhumour, de drames personnels et de quiproquos, de complexité et dambiguïté, de « paraître » et d« être ». Une plongée intimiste dans la nature humaine. Dieu quelle devait être inspiré Agnès Jaoui, pou nous servir un tel régal ! Plus quune comédie dramatique, ce Goût des autres est un film-société. On ne sennuie jamais, que ce soit côté quiproquos et humour, ou côté dénaturalisation de la complexité de chaque personnage. On les voit évoluer les uns par rapport aux autres, comme si leurs contacts respectifs apportaient de leau au moulin de la banalité de leur vie. Un très bon moment à passer, je vous le garantis.
Mise en scène : si Agnès Jaoui sait y faire au théâtre, elle montre tous ses talents de réalisatrice et scénariste avec un Goût des autres qui est pourtant son tout 1er film derrière la caméra. Chapeau ! La mise en scène est bien calibrée, rappelant par moment la théâtralisation, lors des plans fixes qui tournent autour dune table, lors de limmobilité de la caméra zoomant sur un acteur, comme pour mieux mettre en valeur le côté émotionnel.
Jeu dacteurs : Un des rares films qui na pas besoin de musique daccompagnement. Les acteurs sont lambiance du film, ils font tout le boulot et portent sur leurs épaules un film dans lequel ils jouent justes par leur désappointement, leurs jeux de regards, leurs réactions émotionnelles Car en effet, le casting est judicieux, avec Bacri, Agnès Jaoui, la remarquable Anne Alvaro, Alain Chabat ou encore Gérard Lanvin. Ils jouent tous justes. Spéciale mention à Anne Alvaro qui est la proue du film, combinant à elle seule bien des atouts dacting des autres acteurs : elle transpire démotion ! Bacri nous surprenait, pour lépoque (1999), campant un chef dentreprise grisé par sa vie sentimentale, et bourru devant ses sentiments, ses émotions. On le voit sans cesse essayer de rattraper ses erreurs comportementales en mettant la main au porte-monnaie. Il fait parfois peine à voir (au plan de son personnage je veux dire, pas au plan de son jeu dacteur, qui est parfait) car il semble navoir que son entreprise, et quelle seule dans sa vie. Tous ses goûts et ses envies se fixent sur son entreprise, au point quil en a perdu le goût pour la vie. Lui et Anne Alvaro, encore plus que Jaoui, Lanvin ou Chabat, sont lâme du film, sa colonne vertébrale. Doù mon pitch qui, comme vous le voyez, sest centré sur cette relation entre Bacri et Alvaro. Mais il y a tellement plus que ça, autour deux !!!!