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300 (Zack Snyder -mars2007-)

Publié le

Avant-goût   le succès de 300 est capable à termes d’inspirer bien des cinéastes. Ce film de Zack Snyder est l’archétype du cinéma de demain, l’archétype du plus grand fléau menaçant l’économie du cinéma. Le cinéma y perdrait beaucoup à cause de ce cinéma propagandiste et nationaliste, faisant aussi l’économie de l’homme pour tout dépenser dans le fond bleu, les décors et la promotion tapageuse. De la promotion à l’œuvre finie, 300 est un film historique détourné à des fins nationalistes pro-américaines. Un film où il ne reste plus une seule réalité historique où si peu, un film si simpliste dans son contenu, si caricatural dans ses images, qu’il reprend les grandes ficelles des films propagandistes de la 2nde guerre mondiale ! Une époque que l’on pensait révolu où le cinéma encore balbutiant servait des intérêts nationaux, et où avec rien on créait artificiellement beaucoup de tort dans les consciences humaines. Heureusement qu’à l’heure actuelle les esprits se sont ouverts, grâce à l’éclectisme des médias et grâce à l’accès de tous à l’information, heureusement car il s’agit désormais de condamner fermement ce « cinéma » qui veut retravailler l’homme, mentalement, et qui pourrait causer la perte de notre cher Septième Art !!

Affiche teaser américaine. Warner Bros.Pitch un messager du roi des rois Perses Xerxès vient à Sparte proposer au roi Léonidas de lui promettre des terres en guise de soumission. Amputer des terres de sa chère Lacédémone (=Sparte + les terres du quart sud-est du Péloponnèse –sud Grèce-) n’est pas la seule raison du refus de Léonidas. Son audace, son extrême confiance en ses armes et en celles de ses meilleurs soldats le rassurent dans son refus de se soumettre. Il fait tuer ce messager et sa garde, invective ses hommes à se lever avec lui contre les Perses. Contre le mauvais présage de l’oracle (=consultation des signes des Dieux, dont ces signes sont interprétés par les Ephores, qui sont les Sages de Sparte –à l’instar de ceux d’Athènes, Delphes, etc..), Léonidas part avec 300 citoyens spartiates (qui sont autant de guerriers convaincus, car en Grèce seule Sparte avait des citoyens strictement éduqués et formés pour la défense de Sparte) jusqu’au défilé des Thermopyles. Afin de tendre un piège à l’armée de Xerxès. Les Perses seront 200 000…contre 300 héroïques spartiates et quelques athéniens venus prêter main forte…tout du moins temporairement…

Avis   la première grande erreur de Frank Miller est d’avoir osé traiter de Sparte. Sparte est une matrice de bien des fantasmes dictatoriaux, bellicistes et nihilistes de notre époque. Hitler lui-même se complaisait à puiser dans l’antiquité spartiate de simples épiphénomènes qu’il tentait de rendre vrai, surtout lorsque tous ses plans de conquête à l’est et à l’ouest étaient en gestation. Frank Miller a commis sa plus grossière erreur scénaristique en osant traiter de l’héroïsme spartiate. Car c’est là un sujet presque interdit, et tellement tendancieux. L’autre erreur monumentale de Frank Miller est d’avoir rendu une copie vulgarisée et simpliste de cet épisode de la bataille des Thermopyles. Entre les coquilles vides qui servent d’acteurs, et l’abus de stéréotypes anhistoriques, Frank Miller rate totalement son traitement. Des coquilles vides s’efforcent de faire passer quelque chose au spectateur, notamment dans la première demi-heure où le roi Léonidas semble faire mine de faire mine d’hésiter devant la proposition de soumission aux Perses. Un moyen pour Frank Miller de montrer combien la décision de Léonidas scellera le sort de Sparte. Mais c’est tellement surfait ! Le contexte et l’environnement historiques sont à peu près du niveau des collégiens ayant étudié un temps soit peu l’Antiquité grecque. C’est très rudimentaire, et encore plus malheureusement, ça abuse de stéréotypes sur Sparte, la Grèce, Athènes et les Perses. C'est-à-dire des éléments de lecture historique qui font davantage appel à nos codes de compréhension contemporains plutôt qu’à des réalités vraies de l’époque. A ce petit jeu là, c’est tout un film qui passe aux ordures au plan historique. On ne peut pas laisser Frank Miller saborder l’histoire des mythiques guerres Médiques de cette façon, sous prétexte ou non qu’il fasse de la bande-dessinée !  Le portrait brossé sur les spartiates, les athéniens, les perses est simpliste. Ainsi les athéniens sont caricaturés comme des « philosophes » et comme de mauvais combattants. Ce qui permet de mettre en abîme les athéniens permet de mettre en valeur les spartiates. En matière historique on ne s’y prendrait pas mieux si on voulait être anhistorique. Car avant tout il faut s’interdire de prendre partie, il faut avoir un regard neutre, sans jugements. En matière de péplum donc, Frank Miller rate totalement son œuvre car il prend explicitement partie pour les Spartiates. A l’époque par exemple, les Spartiates ne sont pas les maîtres de la Grèce entière. Or là on dirait des surhommes à côté d’Athéniens fébriles, limite émasculés. Un peu gros ! Les Athéniens avaient eux aussi leur qualités intrinsèques. Il est inadmissible que Frank Miller se permette d’aborder ce sujet d’une façon aussi rudimentaire. Car il permet tout un champs des possibles en matière de compréhension, allant malheureusement de l’intériorisation sans recul chez les publics les plus jeunes,  jusqu’à tout un tas d’amalgames nauséabonds. Si Frank Miller s’est enorgueilli d’avoir voulu donner un souffle de patriotisme aux GI’s d’Irak, il ne se dédouane pas pour autant d’avoir fait un film historique « poubelle ». C’est divertissant certes, mais au plan historique c’est aussi spartiate que l’interprétation rudimentaire des acteurs.

On obtient le film historique le plus ordurier, le plus malsain des ces 10 dernières années. Toute l’argent est passé dans le fond bleu, l’informatisation et la promo, ….et rien de conféré au casting ou à l’intrigue. C’est bien simple : imaginez qu’il faille enlever les séquences de combat, eh bien vous n’obtenez strictement rien, une coquille vide. Ce qui est réussi en revanche ce sont les batailles, ainsi que la « barbarisation » des Perses. Affiche britannique. Warner Bros.Encore que ces batailles manquent d’effet de masse, problème d’un casting délaissé pour le fond bleu. Même s’il faut faire un effort de lecture et se dire qu’on reste dans de l’imagerie de bande dessinée, on peut quand même dire que le mi-homme mi-bête de 2 mètres 20 de haut, enchaîné par les Perses (photo ci-contre), permet facilement au spectateur de comprendre le regard manichéen porté par les Grecs sur les non-Grecs. Il y a effectivement leur monde, selon eux développé, lettré (Athènes) ou noble dans sa martialité (Sparte) et le reste du monde : la « barbarie ». Les Perses sont donc selon moi bien retranscrits selon moi, au plan bande-dessinée j’entends (caricature, grossir le trait). Autre bon point : la femme est bien retranscrite. Tiraillée entre le machisme ambiant de Sparte et sa condition de femme forte, la femme est celle qui a le statut le plus fidèle à l’Histoire. Car effectivement les femmes sont elles aussi sélectionnées à la naissance, afin de déceler ou non une malformation pouvant compromettre son grand rôle de pérenniser la « race » spartiate. Si elles sont aptes elles reçoivent dès leurs 11 ans une éducation les moralisant sur leur futur statut de femme, de mère, tout en étant initiée dans ses grandes lignes au combat. D’où la crédibilité de la scène où la femme de Léonidas tire l’épée du fourreau pour l’enfoncer dans un conseiller de l’apella (assemblée des citoyens à Sparte).

Le Septième Art en danger  vous prenez grosso modo 7 ou 8 acteurs de physique body-buildé pour incarner les « 300 » combattants spartiates et vous ne prenez que des acteurs de 3ème zone, histoire de faire des économies substantielles sur le casting, vous meublez le vide entre les séquences de combat par du ralenti, des gros plans faussement dramatiques, vous vous servez du fond bleu pour mettre ces 7 spartiates dans le couloir des Thermopyles, vous abusez de l’héroïsation avec des ralentis graves sur un visage peu expressif, sur un regard vide, et enfin, vous dopez la comm et la promo quatre mois à l’avance pour garantir le succès…..et hop, vous obtenez le film le plus commercial de 2007 !!

L’héroïsme spartiate pour exacerber le nationalisme américain  300 reste un film malsain car s’arc-boutant trop sur une vision vulgarisée de la bataille des Thermopyles.  On commence même par l’éphébie de Léonidas, lorsqu’il est jeune. On parle d’agogée à Sparte, et non d’éphébie (c’est Athènes et d’autres cités grecques). Dans le fond c’est la même chose : un jeune homme en fin d’adolescence doit passer quelques temps hors de Sparte, et revenir en général vivant au bout d’un an. Devant apprendre à vivre seul, à chasser, à survivre, s’il revient vivant à Sparte, il obtient la reconnaissance de ses pairs citoyens. Là encore c’est de la propagande belliciste : Frank Miller montre l’essence de la condition guerrière de tout citoyen spartiate. Privilégiant le divertissement martial sur un vrai fond de péplum, 300 est dangereux car il louange l’héroïsme d’une Sparte qui à l’époque ne voyait le monde que par elle, et qui ensuite sera la muse de bien des généraux et dictateurs à travers le monde, les inspirant pour son existentialité entièrement soumise à la guerre et aux bienfaits qu’elle apporte. Car si Sparte ne voyait en la guerre que des bienfaits, c’est aussi l’Amérique qui avec Frank Miller et le succès de son film se découvre un nationalisme exacerbé depuis le 11 septembre-ground-0. Véritable succès au box-office US, le succès de 300 sera considéré  peu à peu comme le symptôme d’une Amérique perdant ses repères dans la guerre, quand il n’est pas déjà considéré plus sûrement comme l’archétype d’une cinéphilie devenue l’esclave d’un cinéma de spectacle, de divertissement décérébré !

=> Note divertissement   :):):):)

=> Note péplum  = 0

=> Note générale : voir ci-dessous



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X
ExtraordinaireFilm génial. Au sens éthymologique : créé ex nihilo. Jamais vu. Splendide. Envoutant. Photo éblouissante. Rythmé. Un film évidemment culte. J'ai 40 balais. Ca faisait au moins 20 ans qu'aucun film ne m'avait pareillement emballé.
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B
Petit désaccord néanmoinsTout d'abord, bonjour.<br /> A vrai dire, je ne suis pas du tout d'accord avec le commentaire du film.Vous n'êtes pas sans savoir ( et vous citez le nom de miller maintes fois dans votre critique ) que 300 est issu d'un Bande-dessinée et que Snyder a voulu en tous point rendre le caractère Bédesque ( si je peux me permettre ) de l'oeuvre ( d'ou les yeux rougeoyants du loup pendant l'agogée de Léonidas ).<br /> Je pense que de ce côté, l'esprit comics américain est parfaitement conservé et c'est avant tout le but du film. Si 300 avait des prétentions de péplum, Lacédémone ( Sparte ) n'aurait pas été construite sous un modèle purement grec comme dans le film mais en bois comme à l'époque, L'armée de Xercès n'aurait pas été aussi étendue ni hétéroclite ( limite mythologique d'ailleurs ).<br /> Il faut voir avant tout que c'est un divertissement et pas un documentaire sur la bataille des thermopyles qui, racontée, peut parraître plutôt insispide face à la beauté visuelle de ce film.<br /> On ne peut pas parler de sparte sans l'avoir étudié. Vous même ne connaissez Sparte qu'à travers le film et les quelques recherches que vous avez fait sur internet mais pour cela, Frank miller à vu un peu plus loin. Sparte est une civilisation certes qui se complésait dans la création d'un "race parfaite" selon l'entendement de l'époque par toute une sélection des nouveaux nés, des enfants et l'endurcissement de ceux-ci. cela n'a rien à voir avec l'éphébie Athéniène ou Délosienne qui consistait en une sorte de service militaire peu formateur.<br /> A l'époque de Sparte, le monde grec entier était tourné vers cette ville du péloponèse que les autres cités admiraient et jalousaient ce qui a conduit à la guerre du péloponèse et à la destruction de Sparte. Car il ne faut pas oublié qu'au delà de ces méthodes d'éducation qui, tombées en désuétude ( car n'ayant pu place ) dans notre monde "civilisé", Sparte fut une des première société les plus structurées et les plus réfléchies de cette époque. Les avantages s'accordaient au mérite ( un voleur sachant volé sans se faire prendre en sortira grandit tandis que celui qui se fera prendre se fera châtier ), les femmes avait autant de pouvoir décisionel que les hommes, les enfants, bien qu'ayant une éducation lacunaire et orientée, était mûr bien avant l'âge de maintenant ( il faut dire que leur vie était légèrement plus courte )...<br /> Il est normal de trouver que cette société de par ses charmes, représente la société utopique et alors que vous jugez que beaucoup de dictateurs se sont appuyés sur les idéaux de la citée pour répandre les leurs, je pourrais vous citer énormément d'autres exemples ( la poésie de Goethe, la révolution française, les dieux mythologiques,... ) d'apparence plus triviale mais qui, eux aussi, ont été des références historiques souventes fois reprises à des fins belliqueuses.<br /> Si ce film exacèrbe le sentiment "patriotique ( nationaliste ) américain, peut-être est-ce parce que le problème réside plus haut et qu'il n'est alors qu'un prétexte de plus et je préfère bien cet exemple de violence que celui, plus larvé de tous les navets que l'industrie américaine cinématographique nous vomi sur la face depuis des années.<br /> Merci de m'avoir accordé votre attention.
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D
Je l ai regardé comme un divertissement et je l ai trouvé tout simplement génial. Apres oui c est du surtout du visuel car tres loin d une histoire a la Gladiator mais bon ca reste tres prenant.
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