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THE YEAR OF the YAO (Adam Del Deo et James D.Stern -2004-)

Publié le

Avant-goût ce docu semble malheureusement être estampillé NBA Corporation. Parce que j’ai suivi les affres de la NBA de 1995 à 2002 et je décèle dans les propos tenus par ce docu et dans les images qu’il affiche une certaine censure. Une censure de circonstance à vrai dire, qui vient alourdir d’un manque de fraîcheur un noyau central déjà autocensuré. Deux cercles de censure donc : l’autocensure des joueurs des Houston Rockets, celle de Yao Ming dès lors qu’il est face caméra, celle des experts sportifs qui apportent leur point de vue, etc… Et une censure périphérique qui achève ce travail de promotion à profit de la fameuse NBA. Où est passé par exemple le point de vue de ses amis chinois ou des propres parents quant à l’installation de leur fiston aux States ?

Pitch   (Yao Ming est le premier basketteur chinois de l'histoire a s'être introduit dans l'élitiste ligue de basket nord américaine, la NBA. Depuis 2004 il joue pivot titulaire au sein de l'équipe des Houston Rockets, qui est affreusement solitaire de son titre NBA conquis sous l'ère Hakkem Olajuwon. Yao Ming mesure 2m28 et il fut précédé d'une vivace rumeur comme quoi un pivot mesurant cette taille n'a aucune chance de percer dans le milieu. Il remporta pourtant la draft de juillet 2003 et score en moyenne 25 points par match depuis le début de cette saison NBA 2006/2007. Il est nominé chaque saison au All-Star game en dominant fréquemment le grand Shaquille O'Neal de plus de 200 000 votes. Le vote des chinois par internet est à considérer comme le facteur X dans cette histoire, même si Yao Ming est tout sauf mauvais :). Yao Ming explose depuis 2 saisons, après une saison de rookie difficile. Mais cela était naturellement du à son difficile apprentissage du jeu estamillé NBA, à sa délicate intégration à la culture des "States" (comme dit Gad Elmaleh). Dans ce docu on suit le parcours initiatique de Yao Ming, ses premiers pas aux States et dans la NBA, son adaptation tactique au jeu des Houston Rockets, ses difficultés d'acculturation..et son amitié avec son guide-interprète.

Avis     la force de ce documentaire est plus d’ordre culturelle que sportive, à dire vrai. Tout le côté basket est certes présent, comme les problèmes de communication sur le terrain entre le chinois Yao Ming et ses partenaires américains, comme l’attente de résultats que font peser sur ses épaules les médias, son coach et ses coéquipiers. Mais tout cela on l’imaginait déjà aisément, pas besoin de nous le redire en longs en large en travers. La seule vraie force de ce docu est plutôt dans l’illustration partiellement émouvante de la barrière de la langue, et du clivage entre les coutumes et habitudes des deux pays. Mais ce côté-là n’est à mon goût pas assez étoffé. Il y a un moment où Yao Ming est décri comme le premier émissaire chinois de l’histoire qui cristallise en lui le choc des cultures sino-américain (collectif contre individualisme / volonté de travailler dur contre volonté de gagner un max de fric / barrière de la langue / barrière culinaire etc). Il est en effet décri comme le prototype de la difficile acculturation américaine des chinois de demain, mais il n’est question que d’une intégration de chinois au modèle américain et non l’inverse !

Je vais être dur mais ce docu passe à mes yeux pour une chronique sociale superficielle à la solde de la NBA. Le réalisateur appuyant trop sur l’aspect « haut niveau » et élitiste de cette ligue de basket. Par exemple, l’arrivée de ce chinois est décrie comme un bienfait pour une équipe des Houston Rockets à la reconquête d’un nouveau titre NBA. Et à chaque fois que des experts sportifs traitent de ce que représente Yao Ming pour le club ou pour la ligue ils parlent d’un apport sportif sur le terrain. Il n’est dit qu’à demi-mot combien ce Yao Ming représente une formidable pompe à fric pour la ligue, une formidable passerelle financière vers le marché chinois. Ce docu oublie aussi de démystifier assidûment le passé de Yao Ming, sa culture chinoise. La parti pris est plutôt de présenter la culture américaine comme cella qui doit remporter le match des cultures. Il y a des bribes d’explication de cette difficulté d’insertion. Des bribes seulement car les parents de Yao Ming sont trop effacés dans le docu, on voit aussi l’interprète faire faire les magasins à Yao Ming (un peu superficiel).. Pour finir d’argumenter sur cet aspect pro-NBA du docu je citerai un passage, qui du reste est le seul passage décriant un peu la NBA : le moment où les joueurs des Houston Rockets regagnent en jet leur ville après un match, ils avouent ouvertement que le rythme d’une semaine classique est « dur » et « exténuant » tout en ajoutant au passage que ça leur plaît, que ce rythme n’est pas autant un problème que ce qu’il venait pourtant d’affirmer haut et fort. Et puis l'un des deux réalisateurs est peut être le frère du patron de la NBA : ces deux hommes ont en effetle nom "stern" en commun... :)



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