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WILL HUNTING (Gus van Sant -1997)

Publié le

Pitch  dans la banlieue pauvre de Boston, Will Hunting (M.Damon) erre de job en job, et passe ses moments de détente dans les bars avec ses potes Chukie, Morgan et Billy. Boire, draguer, chahuter, chercher la bagarre, en somme. Alors qu’il est payé pour nettoyer les locaux d’Harvard, il tombe face à un tableau sur lequel est posé, à la craie blanche, un théorème non résolu. Lorsque le professeur, auteur de ce ‘‘problème’’ découvre que c’est Will Hunting qui l’a résolu, il ne le lâchera plus. Découvrant en lui ce qu’il était, et surtout ce qu’il a toujours voulu être. Le courant ne peut passer, car Will Hunting est profondément heurté, fermé et arrogant. Ce professeur demande alors à son ancien collègue d’Harvard, Sean McGuire (Robin Williams), psychothérapeute, d’aider à raisonner Will…quant à cesser de faire ses petits boulots, pour rejoindre une certaine élite du savoir…

Avis  caméra épurée et limite froide, mais efficace de Gus Van Sant! Sur un scénario écrit à deux avec Ben Affleck, Matt Damon obtient l’oscar 1998 du meilleur script. Il est vrai que cette petite histoire du génie qui refuse tout un système, pour ne pas le faire dévier, est rude à ficeler, même à deux. Prenant même de haut le manichéisme capitalistes/marxistes, lors d’un presque banal ‘‘battle’’ entre Will et un étudiant ‘‘ouech ouech’’ d’Harvard, qui sous couvert d’avoir bien lu ses cours, pensait pouvoir attirer une étudiante dans son escarcelle. Scène phare pour qui veut comprendre l’idée de ce film. Qui est vraiment tortueuse finalement : puisque Will Hunting est un personnage sans cesse en fuite devant son entourage, spectateurs y compris. Le génie pratiquement ultime, qui refuse de faire des boulots manquant d’humilité, qui refuse de bosser pour des services d’état à la pointe, sous prétexte que s’il peut leur déchiffrer des codes secrets…il ne le ferait pas parce qu’il désignerait systématiquement un ennemi d’état, puis apporterait une misère à cet ennemi, et rétroactivement à son propre pays. Le génie dans sa complexité la plus absolue, qui parvient à se ficher totalement des préceptes archaïques, sans pouvoir se porter vers l’avenir, comme paralysé, mais maîtrisant cette paralysie. Vivre sa vie tel qu’il l’entend, mais qui en même temps, n’est plus capable du tout de franchir le pas, de passer des cap dans sa propre vie, sous prétexte qu’il causerait trop de tort à son entourage, qu’il juge plus faible que lui, donc en plus grand danger. Une personnalité cornélienne pour les psys qui tentent de le raisonner…

Duel psychique entre l’ ‘‘expérience’’ du psy et la ‘‘raison’’ du surdoué…

L’arrivée dans le scénar de Robin Williams, amène au film une ambiance énorme. Puisque le professeur d’Harvard et les psychologues ne parviennent pas à démasquer le raisonnement de Will, il finit par prendre Will sur le ton du compagnonnage, de l’amitié. Le seul moyen pour s’approcher de la vérité, ou des vérités détenues par Will. Cela fait du bien, car après 20 minutes où Matt Damon surplombait le système sans l’aider lui-même à régler ce qui ne va pas, on en arrive à un film nettement plus humain, moins ingénieux et plus banal certes, mais tellement plus humain. Ce ‘‘génie’’ tente de s’imbriquer dans le système, tant bien que mal, et est accompagné par le psy dans sa démarche. Des scènes remarquables comme le duel psychique entre ce psy et ce jeune homme, duquel l’un d’eux peut rester sur le carreau définitivement ; l’arrogance du professeur qui se rend compte que Will suit le chemin donné par ce psy, celui de la vie humble, et non celui que lui voulait pour Will : spécialiste et expert éminent en mathématiques, notamment sur un théorème encore jamais résolu à ce jour. Un film qui ne s’explique pas, mais qui se vit : un jeune homme très doué qui par intelligence, vit reclus, à côté…de ce monde, de ce système…afin de ne jamais blesser personne via ses choix de vie, professionnelles et autres…. ! La petite amie fait les frais, d’ailleurs, de sa paralysie quant à se tourner vers l’avenir, et quant à accepter les changements qui surviennent dans sa vie.

On est tous l’intello d’un(e) autre, ou est tous l’imbécile d’un(e) autre…

Will Hunting est un film qui se vit…car on est tous l’intello d’un(e) autre, ou est tous l’imbécile d’un(e) autre, évidemment…or, ce qu’il faut, c’est être le propre intello de son imbécillité…et pour ce faire, il faut nécessairement accepter l’autre, le système, le monde…pour comprendre ce qu’est ce monde, ce qui cloche en ce monde, ce qui dysfonctionne…afin d’en tirer des leçons de vie. Raccrocher la terre ferme, en clair ! C’est justement ce que le scénario propose. Ce génie sait qu’il peut le faire, mais au détriment d’efforts qui lui feraient tirer un trait définitif sur son passé. et finalement ce n’est pas les psys qui peuvent l’y aider, mais lui seul, grâce, en outre, à l’accompagnement amical du psychothérapeute qui lui résiste. Une scénario de ‘‘rebelle’’, jeunesse rebelle, écrit par Damon et Affleck, qui sous couvert de tout articuler autour d’un jeune homme surdoué, passent sous la coupe de la critique le monde des grandes chaires universitaires US, l’arrogance des jeunes qui en sortent ainsi qu’une certaine image du suivi psychologique US, tout en valorisant secrètement une certaine insouciance post-adolescente, une certaine rébellion contre l’ordre pré-établi. Sachant que Matt Damon a bel et bien fait ses classes dans l’université présentée dans le film : Harvard ! Le rôle phare de Damon ! Le nœud de sa filmographie !  Tout partira de ce rôle…

Jeu d’acteurs

Matt Damon  :):):):)

Robin Williams  :):):):)

Ben Affleck  :):):(:(



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