La Bande à Baader (Uli Edel (2008)
Projet ambitieux, La Bande à Baader peine à s'élancer, ensuite c'est un monument historique qui s'étale pendant plus de deux heures. Ce qui frappe, venant de cette autre grosse production germanique après Good bye Lenin ! et La Vie des autres, c'est encore ce courageux retour sur histoire et cette humilité.
Pitch
Dans les années 70, l'Allemagne est la proie d'attentats à la bombe meurtriers. La menace terroriste et la peur de l'ennemi intérieur ébranlent les fondements mêmes d'une démocratie encore fragile. Sous la conduite d'Andreas Baader, Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin, une nouvelle génération radicalisée entre violemment en guerre contre ce qu'ils perçoivent comme le nouveau visage du fascisme : l'impérialisme américain soutenu par les membres de l'establishment allemand, dont certains ont un passé de nazi. Leur objectif est de créer une société plus humaine. Mais en employant des moyens inhumains, en répandant la terreur et en faisant couler le sang, ils perdent leur propre humanité. L'homme qui les comprend est aussi celui qui les pourchasse : le chef de la police allemande, Horst Herold. Et même s'il réussit à capturer les jeunes terroristes, Herold sait qu'il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg...Autour du portrait
convaincant des membres de la bande à Baader, qui écuma les
symboles du pouvoir en Allemagne dès 1970 pour longtemps, c'est
aussi l'explication réussie et méticuleuse d'un fonctionnement de
ce pouvoir dès lors qu'il doit canaliser ce terrorisme pour mieux
l'éradiquer. Scénario pharaonique donc ! A époque houleuse,
événements houleux. Et ce, à l'échelle mondiale. Pour
l'Allemagne, plus encore que pour le gouvernement cambodgien défié
par les Khmers Rouges, la France des « pavés sous la plage »
(mai 68) ou encore l'Irlande du « dimanche sanglant »
(1972), la situation ressemblait à une traînée de poudre longue à
perte de vue, dont l'étincelle avait été donnée dès le début
des années 60 : les étudiants grondaient contre l'interventionnisme
américain au Viêtnam. En 1967, la venue du Shah d'Iran provoque une
manifestation sanglante.
Des étudiants marxistes poussent de la voix et récoltent des élans de sympathie dans toute l'Allemagne. Mais c'est par une première série d'attaques de banques par un groupe mené par Andreas Baader (1970) que tout devient surenchère et escalade en terme de violence. La Bande à Baader, telle qu'elle est appelée n'avait pas engagé son combat contre des symboles de pouvoir nationaux. Ces banques n'étaient qu'un moyen de survie. Mais la bande imprima un mouvement de révolte contre tous les symboles de l'impérialisme américain en Allemagne. Car c'est lorsqu'elle s'en prit pour de bon aux bâtiments militaires US et institutions publiques que la bande à Baader devint le noyau dur d'un mouvement qui allait petit à petit la dépasser : la RAF ou Fraction Armée rouge. D'inspirateurs, les membres de la bande à Baader, deviendraient très vite, après leurs arrestations et pendant leurs longues détentions, les symboles d'une résistance. La deuxième vague de terreur, n'aura qu'un but : délivrer des gêoles les précurseurs, Andreas Baader et Gudrun Ensslin, amants et co-fondateur de la RAF (avec pour voix au chapitre la journaliste Ulrike Meinhof).
Le film La Bande à Baader explique tout cela. Et tente de contre-balancer systématiquement les ripostes du pouvoir et le combat de ce contre-pouvoir. Avec aucune considération ou déconsidération, ni aucun privilège accordé à l'une des deux parties. Un film historique réussi mais qui souffre de ses interprètes et de la mise en scène : dans ce cinéma allemand-là on montre tout mais on ne fait ressortir aucun affect, aucune pirouette de sensations chez aucun acteur (ice) en particulier. Une impression donc, de mise à niveau égalitaire, qui forcément nivelle vers le bas les prestations. Un retour sur histoire nécessaire, complexe mais ô combien réussi, tant le phénomène a duré : RAF se dissout en... 1998.