Mensonges d'Etat (Ridley Scott -5.nov.08)
Si parmi ce film en tout
point réussi pour son genre, il y avait un point fort, il faut
parler du rythme. Un peu comme François Pignon, Ridley Scott ne se
reposera donc jamais.
Pitch
Ancien journaliste blessé pendant la guerre en Irak, Roger Ferris est recruté par la CIA pour traquer un terroriste basé en Jordanie. Afin d'infiltrer son réseau, Ferris devra s'assurer le soutien du très roué vétéran de la CIA Ed Hoffman et du chef des renseignements jordaniens, peut-être trop serviable pour être honnête. Bien que ces deux là soient censés être ses alliés, Ferris s'interroge : jusqu'où peut-il leur faire confiance sans mettre toute son opération - et sa vie - en danger ?
Pour Aliens, Ridley Scott
avait fait ce qu'on appelle « meublé ». Pour tenir la
longueur et le spectateur en haleine, deux raisons liées
respectivement aux qualités de forme et de fond, Scott avait joué
avec ses personnages et le spectateur en ne dévoilant la bête par
petites touches...de peur. On pouvait y voir à l'époque une raison
de savoir-faire technique et de budget, en outre. Matérialiser un
alien, ça coûte. Mais non, Scott a été parfait, son Aliens
n'est-il pas le plus culte de la saga ?
Pour avoir le sens du
rythme, quelque soit le scénario, ça, Ridley Scott l'a, on peut le
dire. Mensonges d'Etat ne souffre ainsi d'aucuns désagréments liés
à son fond « secret » ou à sa forme « suintante à
souhait ». Mensonges d'Etat déménage, et c'est tout ce qu'on
attend de ce genre cinématographique. Se payer la paire Di
Caprio-Crowe pour l'occasion, est idéal. Le premier galope et sauve
la trace bling-bling qu'il avait laissé dans le même genre de rôle,
dans Blood Diamond. Russell Crowe, enkilosé, joue de l'oreillette à
domicile pour sauver les intérêts US tout comme sauver son rôle de
père et de mari. Un côté ironique vis-à-vis de ses personnages
habituels, forts, qui apporte une touche d'humour voire de tendresse
à Russel Crowe.
Quant au scénario, il
est bâti sur une réalité créée par les médias, pour introduire
le spectateur jusque dans certaines arcanes des pouvoirs du
« terrain » : les services secrets, les contre-pouvoirs
locaux à vocation internationale. Juste de quoi pimenter les
discussions et épaissir les gouttes de sueur qui sont provoquées
par un rythme sans repos. On y cause Al-Qaeda, cheikh, attentat, CIA,
services jordaniens, geôle syrienne, djihadistes, etc. Tout ce que
les médias vous servent au 20h, fait l'objet d'un film qui propose
de voir derrière. Alors, pour les inconditionnels du film
d'espionnage, inutile de ressasser que James Bond, à côté de
Ferris c'est du carton pâte à paillettes, ou que les John le Carré
n'avaient pas autant cet aspect « grand échiquier
international », pour leur faire comprendre que Mensonges
d'Etat à la sauce Ridley Scott, est agréable à suivre.
On notera quand même
l'absence d'étincelles dans l'acting, mais une meilleure
identification du spectateur au rôle-titre par rapport au froid
Raisons d'Etat (puisqu'il s'agit d'un film homologue et tout aussi
récent). Toujours est-il que Mensonges d'Etat surfe sur deux
tableaux : l'entertainment intelligent, et l'action-suspense. De quoi
plaire à un public élargi.