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Mademoiselle Chambon (Stéphane Brizé -oct2009)

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Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain. TS Productions / Michaël CrottoL'attente est le maître-mot de Mademoiselle Chambon. Partout dans les regards et interprétations, partout dans la mise en scène, le réalisateur Stéphane Brizé semble suspendre le temps au rythme d'un amour impossible. Tellement d'attente que pour le spectateur tout cela peut s'avérer fort long. Brizé démontre toutefois une maîtrise de l'artistique supérieure à ce qu'il avait démontré avec talent dans Je ne suis pas là pour être aimé.

Pitch

Jean (V.Lindon) est maçon et père d'un petit dont la professeure (S.Kiberlain) semble le révéler à lui. Marié, père d'une autre petite et surtout ayant la charge de son propre père (Jean-Marc Thibaut), Jean est sans cesse en train de penser à cette femme qu'il avait d'abord rencontré au hasard d'une sortie d'école, lorsqu'il était allé chercher son fils, et qu'il veut revoir éperdument. Il se pose alors la question du sens de son existence.

Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain. TS Productions / Michaël CrottoMademoiselle Chambon est l'adaptation du livre éponyme d'Éric Holder, qui voit Antonio (maçon) tomber amoureux d'une certaine Véronique Chambon, professeure de son propre fils, en école primaire. Entre love-story charnelle et mensonge des deux amoureux transis envers l'épouse, Stéphane Brizé adapte son propre regard sur l'œuvre, c'est-à-dire en laissant de côté à la fois le charnel et le développement de la tromperie. Il se recentre sur d'autres sentiments et sensations. Le sentiment d'étouffer devant cet amour à l'horizon si grand, le sentiment de mal-être face à une réalité amoureuse qui envahit son quotidien de père et époux légitime.

Sandrine Kiberlain. TS Productions / Michaël CrottoAu rayon des sensations, Brizé a décidé de faire une grande pause mi-littéraire dans la retranscription du sentiment amoureux, mi-cinématographique dans l'écueil de ne pouvoir dire l'insondable pour au contraire suggérer sans arrêts. Alors il va sans dire que jusqu'à un certain point de dénouement, Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon ne peuvent que conquérir les foules des spectateurs, à travers un jeu tout en subtilité, et dans un registre où Sandrine Kiberlain est un peu la numéro un en France. Cette femme au faciès d'ange qui se refoule, va sublimer la séquence de rapprochement, quand elle ne parvenait peu à convaincre de la force de caractère de son personnage lorsqu'elle ne cessait d'obliquer ou baisser son regard. Comme une femme insoumise qui ne saurait pas ce qu'elle veut.

 

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Vincent Lindon. TS Productions / Michaël CrottoCette Mlle Chambon là est incroyablement déroutante pour ce maçon qui est invité à réparer sa fenêtre, puis à écouter des morceaux de violon, un instrument avec lequel elle venait de la subjuguer. Elle est celle que ne sera jamais son épouse (campée par Aure Atika) et à son contact il devient celui qu'il voudrait enfin être : libre, amoureux transi et homme à l'état pur. Vincent Lindon, tout en présence physique qu'on lui connaît n'a pas besoin de forcer son talent pour faire passer le message ni à sa partenaire, ni aux spectateurs. Perdu, esseulé, il anime de son regard des ébats dont il n'y a plus débats dans sa tête. C'est elle un point c'est tout. La raison, le sentiment de culpabilité, le péché, Stéphane Brizé va alors au-delà de son rôle d'entremetteur, pour tenter d'adjoindre sa grande technicité toute en « pause », toute en « suggestion » sur une histoire originelle pour laquelle il conservera tout de même le dénouement final. Mais d'ici là, que certaines séquences sont laborieuses de silence et pauvres d'animalité organique.

 

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Rezo FilmsLa transcendance de deux êtres qui se sont rencontrée est certes très bien amenée à l'image, mais à force de silences et de silences, la gêne peut s'émanciper chez le spectateur, à commencer par cette impression de voir sous ses yeux une histoire des plus banales, et rendues belle sur un seul point : son impossibilité. Toute la réussite de Stéphane Brizé et des acteurs est d'avoir su interpréter l' « impossibilité » d'un amour. Cela se vit dans l'intime en général. Mais non, plus fort encore que pour Je ne suis pas là pour être aimé et cette scène où Chesnais constate que sa passagère Anne Consigny pleure pour lui et pour eux deux, Stéphane Brizé capte encore les domaines du sentiment et des sensations. Dommage que le rythme soit très mal maîtrisé...

 

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