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Lucky Luke (James Huth -oct2009)

Publié le

 

UGC DistributionLes adolescents souriront parfois, les enfants seront eux, toujours submergés par une certaine grossièreté qui tient à ce genre d’humour, quand les adultes se demanderont ce que fait Jean Dujardin planté dans un décor pareil ! Non, Lucky Luke n’a pas encore trouvé son égal au cinéma. Et on suspectera Eric et Ramzy d’avoir sympathiquement rendues vermoulues les planches daltoniennes qui auraient élancé tout ce film vers un certain sommet. Mais c’est toujours le premier qui le dit qui y est (ah ! l’humour du film est contagieux).

 

                                  Pitch

Au cours de sa mission à Daisy Town, la ville qui l'a vu grandir, Lucky Luke, "l'homme qui tire plus vite que son ombre", va croiser Billy The Kid, Calamity Jane, Pat Poker, Jesse James et Belle...

 

Jean Dujardin et Alexandra Lamy. Christine TamaletEntre la roulade amoureuse brisée par une coque d’escargot fortuitement écrasée contre le front de madame et l’incarnation soudaine d’Elvis Priestley pour épater madame, il y a du Un Gars une fille dans l’air. Entre la canopée de fumée de cigares dans ce train présidentiel et ce tir contre son ombre il y a du Lucky Luke dans l’air. Sauf que le premier registre dont je vous parle est suffocant d’omniprésence, quand le second est parsemé ci et là au petit bonheur la chance. Dommage. Il s’agit pourtant d’un film intitulé Lucky Luke, non ? A la place de Monsieur Luke mis sur un piédestal, vous avez un défilé de seconds rôles qui vous sont présentés avec ovation du public, dans des séquences où chaque acteur (Testud, Youn, Poupaud) en tire une sacrée fierté. A croire que Lucky Luke et son Dujardin d’interprète ne compte que comme un simple « verre témoin », un simple lien dans le scénario.

Jean Dujardin. Christine TamaletOn notera le très bon goût, mais limite enfantin de l’humour visuel tel que ces chapeaux qui, en vitrine d’une boutique, cachent en fait des cow-boys armés et prêts à tout pour tuer Lucky. On a aussi cette gueule de génie de Dujardin, capable encore une fois du meilleur en matière de pathos, ridicule et autosuffisance dans son personnage décidément imbattable. On notera la belle noirceur de Daniel Prévost ou encore l’adéquate interprétation de Joly Jumper par…un cheval blanc qui n’a pas connu Henri IV mais avait connu Lucky Luke dans un meilleur état de forme.

Michaël Youn. Christine TamaletLe Lucky Luke unlucky, looser, ça c’est nouveau, hormis dans quelques tomes de Morris et Goscinny, Lucky Luke l’homme qui tire plus vite que son ombre, n’a jamais connu une telle dépression. Bizarre d’écorner la légende bien française de l’Ouest de la sorte, c’est peut-être histoire de permettre aux autres personnages de mettre en lumière les acteurs qui ont accepté pareil projet. Melvil Poupaud incarne le Jesse James pensif et lettré (qui tuait tout en se recueillant auprès de Dieu pour ses péchés), Sylvie Testud joue les baroudeuses en la personnalité de Calamity Jane. Michaël Youn fait ce qu’il peut avec ses petits bras musclés pour camper Billy the Kid, sauf qu’à part les dents de lapin qu’on lui a fichu entre les maxillaires, il n’y a rien à voir veuillez circuler !

Jean Dujardin. Christine TamaletAlexandra Lamy joue la ténébreuse, apportant le glamour dont son mari à la ville se jouera pour offrir tout le pathos qu’on reconnaît en lui dans certains excès de machisme dans Un Gars une fille. Joly Jumper fera bien rire 10 secondes lorsqu’il traduit en langage de cheval une expression entière, puis plus rien… Lucky Luke devient pathétique à fond, il est une chiffe molle tout d’un coup. Le film de James Huth ne peut dès lors plus se contenter de s’amuser avec ses effets visuels, ses gags imagés et autres lourdingues jeux de mots. C’est cuit un peu trop vite comme cette œuf sur le plat grillé en début de film au soleil de midi. Et pourtant…

Pourtant les promesses et l’ambiance offertes dans les 20 premières minutes étaient convaincantes. On pensait se marrer à coup sûr. Mais James Huth a décidé de soigner ses hôtes comme il soigne Dujardin. Calamity Jane, Jesse James et Billy The Kid ont droit à leur lumière eux aussi, beaucoup beaucoup trop. A croire qu’entre les ego, Huth n’a pu trancher, foutant en péril le scénario en son entier jusqu’à la qualité même de l’interprétation de Dujardin, qui pouvait vraiment faire plus fort, assurément. Mais non, Huth a voulu éviter le règlement de comptes semble-t-il. Après tout, qui nous dit que Poupaud, Testud ou Youn n’ont pas accepté leurs rôles sans la garantie d’être mis à la hauteur du rôle-titre. Allez savoir… Daniel Prévost. Christine TamaletToujours est-il que c’est bien Youn qui incarne le film finalement : grossier, plat, creux, en roue libre et suffisant. Une bonne comédie ? Pour sourire ça va encore. Pour rire passez votre chemin. Quant à Dujardin, il a effectivement déjà accepté pareil projet, et c’est suivi du meilleur à chaque fois. Alors on attendra… Et dire que pendant qu’ on est obligé de se coltiner ça, Le Ruban Blanc ne passe même pas dans la plupart des cinémas ruraux ou qu’Un Prophète a été longtemps monopolisé par les multiplex qui pourtant, surjouent leur rôle lorsqu’ils diffusent pareils films non-commerciaux que ce chef d’œuvre qui aurait mérité la Palme d’or.



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