Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Lauréat (Mike Nichols -1967)

Publié le

 

Comment Dustin Hoffman s'est-il révélé au grand public ? Et bien justement en campant ce jeune premier, fraîchement diplômé d'Harvard, qui perd son pucelage et s'ouvre terriblement par la même occasion, à la femme. Deux partitions pour un même homme, qui malheureusement, ne montre aucune phase transitionnelle, entre ce louveteau trop tendre, et cet homme sûr de son amour. Le talent est quand même au rendez-vous !

Pitch                                                

Benjamin Braddock (Dustin Hoffman), un étudiant fraîchement diplômé, rencontre au cours d'une soirée Mme Robinson, la femme du patron de son père. Celle-ci entreprend de séduire le jeune homme et de lui faire découvrir les joies du sexe. Benjamin accepte cette aventure avec délice, jusqu'au jour où il croise Elaine, la fille de Mme Robinson, dont il tombe amoureux. La mère, jalouse et dépitée, va tout entreprendre pour séparer les deux jeunes gens...

Dustin Hoffman et Anne Bancroft. Collection Christophe L.Dans chacune des deux tangentes de sa composition, Dustin Hoffman est bon. Mais, à cause de cette façon qu'a Mike Nichols, de filmer de loin un homme et une femme, Dustin Hoffman n'aura jamais l'occasion d'interpréter les changements qui s'opèrent en lui. Le lien entre sa phase introverti et sa phase obsessionnelle, reste la femme. Une mère, qui est l'épouse du patron de son père. Difficile effectivement d'accepter les avances de Madame, dès lors que tout peut être mis à sac de part en part (travail, famille, avenir). Évidemment, Simon & Garfunkel n'ont pas à se faire prier pour balancer le son à chaque rapprochement tendu, entre ce louveteau et cette mante religieuse de Mrs Robinson (Katharine Ross).

Dustin Hoffman sera vraiment apprécié dans Macadam Cowboy ou Little Big Man, en tout cas pour de bon auprès du grand public, alors que dans Le Lauréat, son talent est là, mais Mike Nichols le noie dans une atmosphère de malaise tenace. Tel un fil rouge, ce malaise ambiant n'avait-il pas commencé d'entrée de jeu : avec ces « grandes personnes » invitées à saluer ce jeune et son diplôme, comme une grand-mère pincerait la joue de son petit-fils de 4 ans, en disant, « il est mimi ce ptit bout'd'choux ! ». Hoffman fuit, et il le fait bien. Et puis cette mante qui joue les tentatrices de choc, qui l'influence jusqu'à obtenir ce qu'elle souhaite. Bombe à retardement. La fille de madame plaît au louveteau.

Anne Bancroft et Dustin Hoffman. Collection Christophe L.Dustin Hoffman montre alors sa petite bonhommie qui lui sied à merveille. Ce petit homme frêle, qui pense ce qu'il dit et dit ce qu'il pense avec un sourire pincé. Assez convaincant. Tout un style, celui de l'interprétation de l'homme qui en impose alors qu'il n'a rien pour lui. Le louveteau se découvre un monde adulte terrible : la mère le condamne lui et son amour pour cette fille, à qui l'on parle de viol. Son amant, un violeur ? Violer sa mère ? Il n'y a pas de mots pour décrire l'insalubrité conjuguale dans laquelle Mike Nichols berce un petit homme frêle ! A voir une fois, pas un grand long-métrage pour un sou, étant donné, que le constat est clair : malaise tu es, malaise tu seras.



Commenter cet article