Le Lauréat (Mike Nichols -1967)
Comment
Dustin Hoffman s'est-il révélé au grand public ? Et bien justement
en campant ce jeune premier, fraîchement diplômé d'Harvard, qui
perd son pucelage et s'ouvre terriblement par la même occasion, à
la femme. Deux partitions pour un même homme, qui malheureusement,
ne montre aucune phase transitionnelle, entre ce louveteau trop
tendre, et cet homme sûr de son amour. Le talent est quand même au
rendez-vous !
Pitch
Benjamin Braddock (Dustin Hoffman), un étudiant fraîchement diplômé, rencontre au cours d'une soirée Mme Robinson, la femme du patron de son père. Celle-ci entreprend de séduire le jeune homme et de lui faire découvrir les joies du sexe. Benjamin accepte cette aventure avec délice, jusqu'au jour où il croise Elaine, la fille de Mme Robinson, dont il tombe amoureux. La mère, jalouse et dépitée, va tout entreprendre pour séparer les deux jeunes gens...
Dans chacune des deux
tangentes de sa composition, Dustin Hoffman est bon. Mais, à cause
de cette façon qu'a Mike Nichols, de filmer de loin un homme et une
femme, Dustin Hoffman n'aura jamais l'occasion d'interpréter les
changements qui s'opèrent en lui. Le lien entre sa phase introverti
et sa phase obsessionnelle, reste la femme. Une mère, qui est
l'épouse du patron de son père. Difficile effectivement d'accepter
les avances de Madame, dès lors que tout peut être mis à sac de
part en part (travail, famille, avenir). Évidemment, Simon &
Garfunkel n'ont pas à se faire prier pour balancer le son à chaque
rapprochement tendu, entre ce louveteau et cette mante religieuse de
Mrs Robinson (Katharine Ross).
Dustin Hoffman sera vraiment apprécié dans Macadam Cowboy ou Little Big Man, en tout cas pour de bon auprès du grand public, alors que dans Le Lauréat, son talent est là, mais Mike Nichols le noie dans une atmosphère de malaise tenace. Tel un fil rouge, ce malaise ambiant n'avait-il pas commencé d'entrée de jeu : avec ces « grandes personnes » invitées à saluer ce jeune et son diplôme, comme une grand-mère pincerait la joue de son petit-fils de 4 ans, en disant, « il est mimi ce ptit bout'd'choux ! ». Hoffman fuit, et il le fait bien. Et puis cette mante qui joue les tentatrices de choc, qui l'influence jusqu'à obtenir ce qu'elle souhaite. Bombe à retardement. La fille de madame plaît au louveteau.
Dustin Hoffman montre
alors sa petite bonhommie qui lui sied à merveille. Ce petit homme
frêle, qui pense ce qu'il dit et dit ce qu'il pense avec un sourire
pincé. Assez convaincant. Tout un style, celui de l'interprétation
de l'homme qui en impose alors qu'il n'a rien pour lui. Le louveteau
se découvre un monde adulte terrible : la mère le condamne lui et
son amour pour cette fille, à qui l'on parle de viol. Son amant, un
violeur ? Violer sa mère ? Il n'y a pas de mots pour décrire
l'insalubrité conjuguale dans laquelle Mike Nichols berce un petit
homme frêle ! A voir une fois, pas un grand long-métrage pour un
sou, étant donné, que le constat est clair : malaise tu es, malaise
tu seras.