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La Grande vadrouille (Gérard Oury -1966)

Publié le

 



Bourvil et de Funès ensemble malgré les égos ? Oui, pour le bonheur du cinéma, du grand ! Non pour leur orgueil personnel ! Le premier mourait 4 ans après le tournage. Le second ressortait les mêmes faits et gestes à longueur de films jusqu'à sa mort. Le second était un trublion du théâtre bourré de gestuelles. Le premier était un acteur, un homme du terrain. Leurs rôles de grands comiques les mettaient aux prises avec une fièvre jalouse immense à en crever les répliques. Changements des dialogues parfois, de la part de de Funès, pour embêter Bourvil, rôle d'homme fort toujours exigé par De Funès. Résultat des courses, la bravoure de leur duo dans La Grande Vadrouille, le très grand des grands films populaires français ! Chapeau les artistes !

 

 

Pitch                             

En 1942, un avion anglais est abattu par les Allemands au-dessus de Paris. Les trois pilotes sautent en parachute et atterrissent dans différents endroits de la capitale. Ils sont aidés par deux civils français, un chef d'orchestre et un peintre en bâtiment qui acceptent de les mener en zone libre; ils deviennent ainsi, malgré eux, acteurs de la Résistance.

 

 

Le comique de situation dans tous ses états ! Les quiproquos de situations et réactions improbables au beau milieu de l'occupation nazie. La dérision de ces derniers. Le burlesque des tics du délirant De Funès, face au sens du spectacle de Bourvil le Normand. La Grande Vadrouille a participé au bonheur des masses, et comment ! Ces deux grands-là, avaient quelque chose d'un mythe. Increvables à l'écran, espiègles hors-tournage ! En même temps, avez-vous déjà vu un leader de soirée accepter de paraître moins drôle aux yeux de tout le monde dès lors qu'un autre « drôle » débarque ?! Ça s'est rarement vu. Où ils font équipe un peu, où ils se la mettent dessus, en dérivant vers l'humour assassin. Car c'est une arme que l'humour.

 

 

Toujours est-il que Bourvil aura lourdement pris sur lui pendant le tournage de La Grande Vadrouille, ce qui lui réussira davantage que De Funès. Ce dernier voulait l'homme fort, il l'a eu mais trop. Campé sur sa position initiale de bout en bout, celle de l'irascible, De Funès n'a pas prouvé sa complémentarité avec Bourvil. C'est le contraire qui se produisit. Bourvil, Bourvil et Bourvil. Comme il y aura plus tard, dans l'autre duel des orgueils, Bebel, Bebel et Bebel l'acteur, face au comédien Alain Delon. Et comme il y eut avant-guerre, Jean Gabin pour faire remonter la pendule du temps et du talent à Louis Jouvet, ou Arletty pour faire de même avec Annabella.


Sauf que La Grande Vadrouille a l'avantage d'avoir été le grand carton du box-office en France. Et que ces deux-là avaient l'avantage d'être deux pour réunir tout ce beau monde au cinéma, au moment de mai 68 notamment. Un moment de délire cinéphilique donc, où les Nazis prendront des citrouilles plein la tronche et se feront mettre des bâtons dans les roues de motos par une bande de parachutistes britanniques, de Français roublards ou encore d'une bonne-sœur livreuse de vins. Et ce, dans un cadre avantageux que celui de la France « fantasmagorique » de l'occupation, depuis les égouts de Paris jusqu'au milieu des cépages de Beaune, de son hospice et de ses routes côtelées.


 

 

Alors évidemment, les « et mes chaussures, rendez-moi mes chaussures ! », ou les sifflements de De Funès pour faire taire les ronflements qu'il n'imaginait pas provenir d'un officier gras double nazi, ne sont que des épines humoristiques au milieu d'un univers de cinéma totalement aventurier, drôle, fantasmatique. On adorera finalement autant lorsque Bourvil part en sanglots sur un rocher, par nostalgie pour ses pinceaux d'artiste-peintre, que lorsque De Funès sera pris en flagrant délit de s'accaparer les vivres de toute une auberge au nez d'un officier du IIIe Reich. La Grande Vadrouille, tout a déjà été dit dessus. Avec la modestie d'un jeunot, je dirai simplement : Ambiance garantie, dans ce long-métrage populaire aux 17 millions de spectateurs.


 

 



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