Go Fast (Olivier Von Hoofstadt -2008)
Go Fast a la qualité de
son défaut : à force de réalisme, il s'en contente et devient peu
étincelant. Dommage, il y avait pourtant matière à s'extirper
d'une comparaison avec quelque chose de plus américain et qui adore
aussi mettre en avant les grosses voitures : Fast & Furious. Sauf
que là c'est français et qu'on ne peut enlever ce bon goût
d'éviter les flonflons.
Pitch
Marek (Roschdy Zem), un officier de la police judiciaire, perd son collègue et meilleur ami lors d'une opération contre un réseau de trafiquants de drogue. Marek est alors muté dans un nouveau service de la PJ chargé des opérations d'infiltrations. Formé comme agent sous couverture, un "undercover", il sera chargé d'infiltrer un gang de trafiquants de drogue qui importe de la résine de cannabis en grande quantité depuis l'Espagne. La méthode de transport utilisée est celle du Go Fast : des voitures chargées de drogues remontant à très grande vitesse depuis le sud de l'Espagne vers des villes françaises.
Une entrée en matière
vivifiante : une opération d'espionnage/intervention dans un
quartier aux piécettes d'immeubles abandonnées dans lesquelles des
policiers de la BRI surveillent les agissements d'un gang de go fast
(contrebande et transport en convois de produits stupéfiants), et
devant leurs yeux, des coffres qui se vident pour en remplir d'autres
à une vitesse déconcertante. L'opération tourne mal, Marek voudra
retrouver les coupables.
Si la suite semble
délivrer une belle promotion envers le RAID, bien que cela participe
à l'intérêt du film, tout devient moins anonyme, et bien plus
encore sophistiqué : entraînement intensif, infiltration d'un
réseau de go fast reliant le Maroc à la France avec de belles
berlines allemandes. Point de Donnie Brasco dans l'air, dommage.
Roschdy Zem tourne dans un film décidément trop « vite »,
et le poids de la torpeur il ne l'affichera jamais, la priorité est
ailleurs semble-t-il : l'action et encore l'action. Go Fast souffre
de ne disposer d'aucuns changements de rythmes, qui mettraient en
valeur justement le ressenti de cet infiltré, et sublimerait
davantage les séquences d'action-suspense. Go Fast est tout juste
moyen dans bien des domaines, et brillant dans aucun. C'est
simplement un problème de mise en valeur du scénario qui s'il avait
été pesé et soupesé entre ses points forts et points faibles,
aurait amener Go Fast vers un certain sommet du polar.
A la place on passe un
très bon moment mais on n'oubliera tout aussi vite. Un cinéma
moyen, qui ne décevra pratiquement personne mais ne restera comme un
instant de cinéma dans les têtes d'aucuns spectateurs. La faute à
un réalisme qui désarçonne le scénario, la mise en scène et le
montage d'une façon à ce qu'on ait l'impression qu'un bon
documentaire de journaliste aurait fait la même chose en mieux. Le
cinéma a toujours été autre chose de plus subtil, de plus
artistique, de plus chaud que froid en un certain sens.